Wednesday, March 28, 2012

Le baobab du musée, c'est fini

Photo souvenir du Mauritius Institute

Le ministre mauricien de l’économie a déclaré en mars 2012 que Maurice devait maintenant être classée parmi les pays développés. Un simple arbre suffit à nous prouver le contraire.

Dans un pays développé, les bâtiments, les routes, les forêts, les villes et villages sont ENTRETENUS. A commencer par les biens PUBLICS. Les arbres qui ornent (ou devraient orner) les villes et chemins font partie de ceux-ci.

Dans un pays développé, un organisme étatique compétent répertorie les arbres des villes, à qui il attribue un numéro d’identification. Cet organisme établit un programme de taille, de traitement contre les maladies et de remplacement quand l’arbre arrive à maturité.

A Maurice, rien de tout cela. Les arbres plantés par les anglais sont abandonnés à leur sort :

-        1. ABATTUS : Les mauriciens propriétaires de terrains le long de routes plantées d’arbres les coupent en toute impunité.

-        En 2011, à Mont Choisy, un mauricien a fait abattre une cinquantaine de flamboyants géants pour construire une route privée.

-        En 2012, un mauricien incendie son terrain de la Pointe aux Canonniers afin de le « nettoyer »: au passage, les flamboyants qui bordaient la route ont ete détruits par le feu sans punition de l’état. Au contraire, le propriétaire en profite bétonner tout le long de la Route Royale afin de créer des parkings pour son futur building en béton.

-        Jusque dans les années 1980, la Route Royale de Bell Village était bordée de multipliants centenaires. C’était un tunnel. Les propriétaires des terrains adjacents (mais pas des arbres magnifiques, plantés par l’administration coloniale et propriété de l’état mauricien) les ont abattus les uns après les autres, afin d’assurer plus de visibilité à leurs affreux bâtiments commerciaux en béton, et augmenter la superficie des parkings. Le tout dernier arbre fut abattu en 2001.

Abattage des vieux  flamboyants de Mon Choiy, 2011

-        2. ETRANGLES : Les oiseaux sèment en permanence les graines de multipliants (ficus bengalensis) dans les autres arbres. Quand elles germent, ce parasite se développe en étranglant peu à peu l’arbre jusqu’à le tuer.

-        3. DIGERES : Les arbres sont abandonnés aux termites et maladies

-        L’état ne fait rien pour enrayer la maladie dont sont atteints certains flamboyants du nord de l’île.

-        Il ne fait rien non plus pour éradiquer les termites qui s’attaquent aux terminalias de la route de Pamplemousse à Brisée Verdière et de Mahebourg à Riche-En-Eau. Des termitières énormes ne cessent de grossir sur les troncs de ces arbres centenaires, et ils finiront par s’effondrer.

-        C’est ce qui s’est passé lors des grosses pluies du 27 mars 2012 à Port Louis, dans la cour du Mauritius Institute, quand le baobab centenaire connu de tous les Mauriciens s’est effondré sous son propre poids, rongé par des années d’attaques de termites non traitées.
Effondrement du baobab centenaire du Mauritius Institute,
rongé par les termites, 27 mars 2012

 
Un pays développé ne vit pas au petit bonheur la chance. Il est géré convenablement par une administration compétente et responsable qui montre l’exemple. Et sa population éduquée aide à le maintenir en bonne santé, sous peine d’être punie par l’état.

Maurice n’est pas un pays développé. Ce n’est encore qu’un adolescent qui fait beaucoup, beaucoup de bêtises.

Le dernier "tunnel de multipliants" de Maurice, 
comparable à celui, détruit dans les annees 1980-90, qui existait à Bell Village.

Ficus Bengalensis

Flamboyants à Solitude

Années 2000, Mauritius Institute.
Le baobab n'est plus.

Sunday, March 25, 2012

Adieu Rivière Noire, Bienvenue à Bétonland

Les Salines Pilot, 2012
Emplacement du futur Ritz Carlton (20 hectares dont 350 mètres de plage)
dont les travaux devraient commencer en juin 2012 si rien n'est fait avant
9 autres "resorts" suivront ainsi que des centaines de maisons IRS


La nature sauvage de Rivière Noire est en train d’être détruite à coups de centaines de millions d’euro.

Les paysages de la Rivière Noire sont demeurés intacts depuis l’installation de l’homme à l’Isle de France voilà 297 ans. Il aura suffit de quelques années seulement pour les détruire à jamais. Des centaines d’hectares ont déjà fait les frais de cette folie de construction du gouvernement mauricien et des promoteurs locaux et étrangers.

La beauté authentique de l’embouchure de la Rivière Noire et de la Rivière du Rempart ainsi que les abords des Gorges ont déjà disparu sous les aménagements à grande échelle de Tamarina, de la Balise Marina, d’Akasha, de Matala et du Beach Club (tiens, les promoteurs étaient à court de noms en « a »…). Des centaines d’hectares de bois et champs ont déjà disparu. Cela à grand renfort de dragage du lagon, de bétonnage des berges de rivière, de modification du tracé du lagon.

Combien de destruction de ses plus beaux paysages Maurice peut-elle encore tolérer ? « Beaucoup beaucoup» répondent en chœur les promoteurs et le gouvernement qui octroie permis de développement après permis de développement. Ce qui est certain, c’est que si rien n’est fait le plus gros des transformations est encore à venir : des dizaines d’ « IRS » ont déjà été approuvés.

Aujourd’hui, il y a la paisible péninsule des Salines Pilot : des centaines d’hectares de savane et de plages désertes.
Demain, il y aura :
-        10 (DIX !!) hôtels le long de plages aujourd’hui désertes
-        des marinas
-        des golfs
-        des milliers de maisons et appartements pour étrangers
(Exemples : Domaine de l’Harmonie, Ritz Carlton etc)

Aujourd’hui, Case Noyale ce sont de vertes montagnes boisées habitées par les cerfs de java et les cochons marrons.
Demain, ce sera :
-        des centaines de maisons pour étrangers
-        plusieurs hôtels
(Exemples : ex-Corniche Bay, Black River Lodge etc)

Les alentours de Rivière Noire ne sont pas épargnés. Voir par exemple ce qui se passe à la Baie du Cap :

Liste non exhaustive des projets qui vont bouleverser l'île:


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A l’aéroport de Plaisance, de gros panneaux indiquent : « Welcome to Paradise Island ».

Mais l’île Maurice n’est plus le petit paradis authentique qu’elle était pour les Mauriciens jusque dans les années 80.

Elle est devenue un paradis artificiel pour étrangers dont sont exclus les Mauriciens.

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3 photos ci-dessus: les Slaines Pilot, Rivière Noire

Bétonnage des champs de Pointe aux Piments


Champ de papayers en face de la plage,
Pointe aux Piments, février 2012


Pointe aux Piments, c’est encore aujourd’hui un des RARES paysages quasi intacts de la côte Nord de Maurice - autrement dit sans béton : le VERT de la plage d’un côté de la route, le VERT des champs de l’autre; la chaîne de montagne de Moka au loin complète ce décor champêtre.

Là-bas, les terrains situés le long de la route côtière sont agricoles : ils sont plantés de canne à sucre ou de légumes.

POURTANT, DEJA…

Alors que les terrains agricoles à Maurice sont inconstructibles, quelques constructions en béton parsèment déjà les champs de Pointe aux Piments (magasin « Ralph Lauren »).

ET DEMAIN…

Les projets RES (Real Estate Scheme) vont bientôt recouvrir les champs de Pointe aux Piments :

-        dans un champ de légumes en face de la plage, on construit 8 « villas » RES (Les Résidences de Piment)
-        dans un autre champ : RES Allamanda Gardens
-        etc etc


Un projet RES est emblématique de ce bétonnage de Pointe aux Piments : dans ce qui est encore un champ de légumes face à la plage, un Français est à l’origine de la construction de 25 « villas » en béton. C’est encore un « RES » (Real Estate Scheme). Les maisons de près de 300m2 chacune seront entourées de murs sécurisés avec gardes à l’entrée. Il est destiné à de riches acheteurs étrangers.

Ce projet s’appelle « Mon Ile ».

Mais les Mauriciens qui passeront devant à l’avenir ne pourront dire que « LEUR île ».

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RES = Real Estate Scheme. Programme mis en place par le gouvernement mauricien afin de permettre la construction, sur des terrains presque toujours agricoles, de maisons et appartements en béton pour non Mauriciens. IRS = Integrated Resort Scheme. C'est la même chose mais à une plus grande echelle.
  
Principales caractéristiques des RES et IRS :

-        très récents (début = loi de 2006)

-        superficies très importantes concernées (disparition de milliers d’hectares de forêts et de champs)

-        transformation radicale à grande échelle et irrémédiable des paysages mauriciens

-        destinataires = acquéreurs étrangers

-        constructions et infrastructures retranchées derrières des murailles sécurisées.


-        L’écrasante majorité des projets verront le jour dans les cinq ans qui viennent. Le gros de la transformation de Maurice est donc devant nous.


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Ci-dessous: 2012, emplacement des RES de
Pointe aux Piments en projet ou construction









Ci-dessus: route Côtière de Pointe aux Piments,
aspect, février 2012

Toutes photos ci-dessous: RES Residences de Piment







Privatisation de la plage de Pointe aux Piments


Pointe aux Piments, 2007

.
 

Emplacement
Destinataire
But
statut
Portion 1
Bout de plage entre
Trou aux Biches et
Pointe aux Piments
Particulier
mauricien
Immeuble en beton, restaurant
permis octroye
Portion 2
Plage de Pointe
aux Piments
?
Immeuble en beton, maison de retraite
en cours 
Portion 3
Plage du
debarcadere,
Pointe
aux
Piments
Particulier
mauricien
proche du gouvernement travailliste
?
en cours 
Portion 4
Plage de
Pointe aux Piments
Investisseurs
d'Inde?
appartements en
beton a la place de
la plage publique
Projet vers 2006-7,
peut-etre abandonné?

Plage (encore) publique de Pointe aux Piments