Monday, July 22, 2013

La triste fin des badamiers géants de Peyrebere


Exemple de badamiers de quinze metres de haut abattu

Des badamiers gigantesques ont été abattus en masse à Peyrebere. 

Pourquoi? 
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Pour construire des barres en béton qualifiées d'appartements "de luxe", résidence-ghetto pour étrangers au nom tout sauf mauricien, "AO".

Pour qui? 
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Pour les Européens et des Sud-Africains qui achèteront ce programme immobilier.

Par qui?
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Le promoteur est étranger: Tercognita. Il construit les mêmes appartements partout dans le monde: Miami ou Maurice, peu importe pourvu qu'on puisse vendre à profit. Quant à ceux qui ont effectivement coupé les arbres, ils sont bengladeshis, travailleurs pauvres exploités à Maurice pour une poignée de roupies. Tout comme les riches promoteurs, ces pauvres bougres ne parlent pas un mot de mauricien. 

Les Mauriciens sont responsables de la destruction de Maurice, mais les étrangers y contribuent aussi, surtout depuis la loi de 2006 autorisant les IRS et RES.

Au moins 8 troncs au diamètre allant jusqu'à un mètre ont été recensés, tronçonnés  au plus près du sol. A côté, des camions évacuent branches et feuillages tombés au sol, dernières traces de ce qui fut pendant si longtemps un ilot vert le long de la route côtière.

Tercognita n'a pas jugé utile de maintenir les arbres sur le site, ce qui aurait été possible. C'est toujours pareil. Comme par exemple à l'emplacement de l'"Appart'hotel" de Trou aux Biches, récemment achevé par le groupe mauricien Jhuboo en face du poste de police. Là-bas, la totalité des quelques 50 cocotiers de Ceylan hauts de 20 mètres présents sur place depuis toujours ont été détruits. Pas un seul n'a été sauvé. ZERO. A la place, un gigantesque ensemble en béton sur 3 niveaux qui enserre les 4 cotés du terrain. Une vaste savane à cocotiers, remplacée en 2 ans par un énorme bloc de béton. Le plaisir des yeux, remplacé par un cauchemar architectural.

Justement, inutile de mentionner le style architectural des futurs appartements AO de Peyrebere... Style mauricien? Oh non, ça, banne-là pa connè: à la manière de l'ensemble des autres réalisations de ce type, il s'agit de barres d'immeubles en béton coiffés d'une casquette-alibi en bardeaux. Interchangeables d'un projet à l'autre: on remplace du vrai mauricien par du faux international - exemple, les  centaines de logements qui verront le jour dès 2014 dans le chassé théoriquement inconstructible de Mont Choisy. 

La situation est inquiétante pour qui aime Maurice: rappelons qu'une soixantaine de projets sont sur les starting-blocks: IRS, RES, appartements pour étrangers, hôtels géants sur plages ou iles artificielles, rien ne semble pouvoir, mais surtout vouloir arrêter la marche du béton sur la côte mauricienne, qui sera définitivement urbanisée d'ici une dizaine ans. Méconnaissable.

Petit à petit, doucement-doucement, Maurice disparait: Ici un arbre en moins, on le remarque à peine, puis là-bas encore dix, on trouve ça dommage, et enfin cent en moins, remplacés par du béton, et soudain on est devant le fait accompli: Maurice n'est plus belle... 

Tout ce qui fait la beauté de Maurice est attaqué: une maison centenaire de Port Louis qu'on remplace par un parking de fortune pour gagner quelques roupies de plus... Plusieurs plages sauvages en moins chaque année... Et finalement, un jour, la mer a disparu. On ne la voit plus, cachée derrière les murs des hôtels et résidences pour étrangers. Finalement, un jour, Maurice a perdu son âme.

En attendant, en ce moment meme, les Mauriciens dilapident Maurice... 

...Jusqu'au jour prochain où, de cette ile, il ne restera rien.


Palmiers de synthèse mais 4-5 étages bien réels 

Béton pour étrangers





Panneaux publicitaires à l'entree

Evacuation des arbres abattus

Troncs d'un mètre de diamètre

Sur cette photo, à droite: les pierres de la maison coloniale détruite
 ont été recoupées à la scie circulaire par les promoteurs pour habiller ce murs de béton:
 disparition du patrimoine authentique remplacé par un pastiche moderne 

Un désert remplace le vert des arbres
... en attendant le béton



Sunday, July 21, 2013

Mon Choisy, c'est fini


Ancienne Route Cotiere de Mon Choisy, 
aujourd'hui interdite à la circulation, 
d'où les panneaux "route barrée"

Sur un terrain inconstructible, l'administration mauricienne autorise un conglomèrat local à construire des dizaines de blocs d'appartements et maisons en beton.

Qui? 
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La Societe Sucrière de Mon Choisy, propriétaire d'un terrain boisé ("chassé" en mauricien) et de centaines d'hectares de terrains agricoles sous culture de canne à sucre. 

Où? 
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Tout au nord de l'ile, en face de la plage de Mon choisy

Comment?
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- Les centaines d'arpents de cannes à sucre seront remplacés par un golf, paysage artificiel s'il en est (l'Ecosse sous les tropiques, Edimbourg-les-bains)
- Les bois du chassé seront remplacés par des barres d'immeubles en béton et des "villas contemporaines", entendez par là de grosses maisons en béton.
- Entre la plage publique de Mon Choisy et le Club Med, un hôtel (enfin, ENCORRRE un hôtel) sera construit par les promoteurs

Terrains inconstructibles
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Comme c'est le cas pour l'écrasante majorité du développement foncier actuel destiné à la clientèle étrangère, les terres défrichées et bétonnées n'auraient pas du l'être. En effet, achetées il y a un siècle au prix dérisoire de terres inconstructibles (champs de canne à sucre, bois, pâturages), celles-ci deviennent à partir de 2006 constructibles par la grâce du gouvernement.

Deux injustices en découlent:
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1) injustice vis à vis de la population mauricienne qui, elle, doit acheter au prix fort le moindre petit bout de terrain résidentiel afin de construire sa maison. Les proprietaires de terrains agricoles, eux, ont payé leur terre une bouchée de pain. Injustice d'autant plus grande que les prix de vente des maisons et appartements IRS exclue de fait les Mauriciens, créant ainsi des ghettos de riches étrangers dans l'ile

2) injustice vis à vis de l'ile Maurice elle-même: chaque projet IRS représente des dizaines, parfois des centaines d'hectares. Au total, d'immenses superficies sont donc en jeu à l'échelle de cette petite ile. Les plus beaux endroits de l'ile sont touchés, le plus souvent le long de la cote. Il n'y a rien de durable là dedans. Quid des paysages? Quid de la beauté naturelle de l'ile?

Les Mauriciens sont en train de créer une ile à deux vitesses, faite d'un coté d'immenses ghettos pour riches étrangers qui ont accès à la cote version luxe, de l'autre de Mauriciens qui, trop passifs pour réagir ou dépassés par les événements, sont en train de perdre leur pays. a moins que ce ne soit déjà fait?

Les futurs appartements





Pendant ce temps, l'administration locale fait abattre les célèbres flamboyants qui bordent la route principale afin de poser des barrières en bois le long de la route...  





Les futures barres dans ce qui est encore 
pour quelques mois seulement la foret de Mon Choisy.

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Pour connaitre tous les changements à Mon Choisy, 
dossier plus complet ici: 
par exemple:
- l'hôtel d'un mauricien "proche du pouvoir" vole la route publique
- un conglomérat mauricien construit hôtel, golf, appartements et centre commercial sur terrains agricole,



Monday, July 8, 2013

Le Ministère n'aime pas les arbres


AVANT...


Au fur et à mesure, petit à petit, doucement-doucement, nos routes et nos paysages se vident de leurs signes distinctifs bien mauriciens pour être remplacés par du béton. 

A Arsenal, d'énormes flamboyants ont été abattus cette semaine. Les photos parlent d'elles-mêmes. Regardez la photo du tronc tronçonné: une savate (taille 11!) nous donne une idée du diamètre de ces arbres qui ont résisté à Carole, Gervaise, Hollanda... Mais ne peuvent rien contre les Mauriciens de 2013, bien décidé à en finir avec le Maurice que, pourtant, on continue de vendre en toute hypocrisie dans les campagnes de promotion 5 étoiles de la Mauritius Tourism Promotion Authority...

A Arsenal, une rivière de ciment est en passe de coloniser l'ancien emplacement des flamboyants centenaires. A Triolet près du temple hindou, même chose. A Mon Choisy, les 50 grands flamboyants coupés pour donner à l'hôtel "Lookea Tarissa" un accès à la plage ont été remplacé par:
- une route asphaltée,
- des trottoirs en ciments
- plusieurs énormes constructions en béton au ras de la nouvelle route
- aucun arbre n'a été replanté
- et surtout aucun arbre ne SERA replanté puisque l'espace qui aurait pu l'être est en train d'être construit vitesse grand V
Tout ça n'était que de la savane il y a encore un an...

Un peu plus loin, à Pointe aux Piments, c'est la colonne/panneau-indicateur centenaire typique du "Maurice d'autrefois" a qui été arrachée. Il ne reste qu'un bout de ferraille plate au ras du sol qui en indique l'emplacement. Ces jolies colonnes toscanes indiquant la direction des prochains villages ne sont plus qu'une poignée, elles étaient des dizaines et des dizaines au moment de l'indépendance, et ne seront bientôt plus du tout!

Au fur et à mesure, petit à petit, doucement-document, Maurice disparait.  

APRES...








Une des dernières "colonnes" de Maurice, près de Mahebourg